mercredi 27 juillet 2011

La perception du son : nature vs nurture

S'intéresser à la physiologie de l'ouïe ou à la bioacoustique permet de se représenter à quel point l'audition musicale, malgré la finesse des analyses pouvant être développée à son propos, n'échappe pas aux lois de la physique ou de la biologie. Il serait intéressant d'analyser à quel point la culture nous permet de nous en affranchir ou dans quelle mesure les compositeurs de musique contemporaine, musique ordinairement considérée comme très intellectuelle, utilisent ces mécanismes.
Les vertus de la musicothérapie, le fait que la musique soit utilisée dans les lieux publics pour apaiser les tensions et éviter la violence, ou pour inciter à l'achat par le biais de publicités, le fait que certains dictateurs y aient eu recours dans leurs "spectacle total", ou la façon dont les compositeurs de musique de film utilisent la musique pour nous mettre à notre insu dans un état anxieux ou ému montrent bien que dans une certaine mesure l'audition musicale n'échappe pas aux "lois de la nature". Au même titre que les autres sens, elle est le fruit de l'évolution de notre espèce.

L'ouvrage d'Antonio Fischetti, aborde avec beaucoup d'humour le domaine de la bioacoustique et de la communication animale, comme on pourra en juger dans le passage suivant :

"Émettre du son, c'est bien ; mais cela revient à hurler dans le désert s'il n'y a personne pour vous entendre. Et entendre exige des oreilles. Cela peut sembler une évidence mais tout dépend de ce qu'on définit par "oreilles". Les humains appellent oreilles ce qui leur sert à poser des branches de lunettes. On ne voit pas d'oreilles dépasser d'un tête de mouche et de grenouille et, pourtant, ces animaux entendent fort bien. Ce qu'ils n'ont pas, ce sont des oreilles "externes", c'est à dire des "pavillons" qui dépassent de la tête. En vérité, les oreilles externes sont l'apanage des mammifères. Il s'agit d'un de leurs signes distinctifs au même titre que la présence des mamelles. A tel point que les biologistes, au lieu de se focaliser sur ces dernières pour définir les "mammifères" auraient pu les baptiser "pavillonnifères".
Les pavillons auditifs servent à diriger l'onde sonore dans le conduit auditif. Un procédé d'autant plus efficace que le pavillon est de grande taille, comme chez les chauves-souris, ou orientable, comme chez les chiens. Raffinement suprême chez ceux, tel l'âne ou le cheval, qui vont jusqu'à bouger les oreilles indépendamment l'une de l'autre. Quoiqu'utiles, les oreilles externes sont loin d'être indispensables pour entendre. L'essentiel se joue au fond du conduit auditif. Nichée au bout de ce canal, se trouve une fine membrane appelée "tympan" dont l'une des faces est en contact avec l'air tandis que l'autre, du côté intérieur, est reliée à une chaîne de petits os, judicieusement appelés osselets. L'onde atteint le tympan, puis les osselets, avant d'être transmise à l'intérieur de la tête où elle actionne des cellules nerveuses qui envoient l'information au cerveau. et c'est là que le son prends sens en étant identifié ( ou non) en fonction de l'expérience antérieure : aboiement de chien, cri d'oiseau, voix humaine... Identification qui conduit le récepteur du son à adopter la réaction la mieux adaptée : fuite, rapprochement, agressivité..."
FISCHETTI, Antonio, "La symphonie animale", Vuibert/ Arté éditions, mars 2007 : p25 et 26 Chapitre "Emettre et recevoir" : A chacun son écoute"

Dans le monde aquatique, le son se propage beaucoup plus vite que dans l'air et joue un rôle primordial dans la survie des espèces (attaque de ennemi, reproduction, repérage spatial...). Les écologistes sont d'ailleurs préoccupés par la disparition des baleines causée par la fréquentation des océans par nos navires. De même il est mentionné dans l'ouvrage d'A. Fischetti que le chant des oiseaux se trouve peu à peu modifié par le bruit ambiant dans les villes (malheureusement il s'agit d'un appauvrissement).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire